Django Reinhardt (1910-1953) La vie d’un guitariste de jazz manouche

Django Reinhardt (1910-1953) La vie d’un guitariste de jazz manouche

Jean Reinhardt (23 janvier 1910 – 16 mai 1953), connu sous son surnom romani Django, était un guitariste et compositeur de jazz romani-belge. Il a été l’un des premiers grands talents du jazz à émerger en Europe et a été salué comme l’un de ses représentants les plus importants.

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Les débuts du guitariste magicien

IL ÉTAIT CONNU COMME DJANGO, un nom gitan signifiant « je me réveille ». Son légal
nom : le nom que les gendarmes et les agents des frontières ont inscrit dans leurs journaux
alors que sa famille sillonnait l’Europe dans leur caravane tirée par des chevaux – Jean
Reinhardt. Mais lorsque la famille a interrompu son voyage aux côtés d’un
ruisseau caché ou dans un bois sûr pour allumer leur feu de cuisine, ils l’appelaient
seulement par son nom romani. Même parmi ses compatriotes Tsiganes, « Django » était un
nom étrange, une phrase télégraphique forte en raison de sa construction verbale à la première personne.

C’était un nom dont Django était extrêmement fier. Il portait un
l’immédiateté, un sens de la vie et une vision du destin.

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Il est né dans une caravane à un carrefour en plein hiver. Suivant
les chemins de terre et les routes pavées au nord du Midi de la France à l’automne
En 1909, son père, Jean-Eugène Weiss, dirige l’unique cheval familial vers
tirent leur caravane en grinçant et en se balançant sur les grandes plaines de Belgique.
Ici, le terrain était si plat qu’on avait l’impression qu’on pouvait voir le
extrémités de la terre. Le vent humide soufflait de l’Atlantique sans entrave en
sa froide fureur. Chevauchées par le vent, des pluies sombres semblaient interminables,
transformer le jour en nuit pendant des mois jusqu’à ce qu’on prie même pour les plus faibles rayons de soleil.

Maîtrisant son cheval, Jean-Eugène ramène la plante vivace de la famille
fait halte au carrefour des Quatre Bras. Comme ils l’avaient fait pour
d’innombrables années auparavant, la famille traversait l’hiver lors d’un rendez-vous
à l’extérieur du village belge de Liberchies, dans la région sud-ouest du Hainaut.
Ils campèrent au milieu d’un petit groupe de compatriotes roms pour se blottir à travers la
mois les plus froids aux côtés de la Flache ôs Coûrbôs—l’Étang des Corbeaux—
nommé d’après un groupe d’oiseaux noirs qui hantaient les arbres environnants. Avec
de l’eau fraîche d’un ruisseau et du fourrage pour leur cheval provenant des champs en jachère, la famille s’est installée autant qu’elle s’est jamais installée ailleurs.

La caravane de Jean-Eugène – appelée vurdon en romani et roulotte en français –
C’était une maison gitane typique de l’époque. La famille vivait dans une boîte en bois mesurant environ sept pieds de large sur quatorze pieds de long et six pieds de haut. Ce
la boîte était montée sur deux essieux portant des roues à rayons en bois. Traces et
le harnais tenait leur seul cheval tandis qu’un simple banc soutenait le conducteur. Au
à l’arrière, des marches menaient à la porte d’entrée.

La caravane rom typique de l’époque avait de petites fenêtres de chaque côté laissant entrer la lumière du jour ; ces fenêtres étaient recouvertes de rideaux de dentelle fabriqués à la main, le genre de touche domestique qui faisait d’une caravane un foyer. À l’intérieur, un poêle en fonte était boulonné au sol ; nourri de bois et de charbon, il brillait d’un rouge transparent en hiver et réchauffait toute la caravane.

À l’avant, dominait une chambre à coucher surmontant des coffres de tiroirs rangeant des effets personnels, des couettes et des couvertures. Un coin de la caravane
a été réservé comme sanctuaire avec une lithographie encadrée transformée en objet de
culte. L’image représentant la patronne des Tsiganes français, Sara-la-Kâli,
était drapé de brins de perles multicolores et éclairé par des bougies votives.

Sous la caravane étaient suspendues des caisses en bois contenant des bâches, des outils, des seaux d’eau, de la nourriture pour les chevaux et des cages pour les canards et les poulets qui pourraient être emmenés loin des fermes le long de la route. Sur la ligne du toit et autour de la porte étaient sculptés des volutes peintes dans les ors les plus brillants, les écarlates, et indigos possibles et brillants comme une couronne dorée sur une effigie religieuse. Dans ce petit mobil home habitait la famille : Jean-Eugène, son épouse Laurence
Reinhardt, la fille de Jean-Eugène, âgée de dix ans, et un autre fils plus jeune,
dont les deux noms ont été perdus.

Au-delà du toit en demi-lune et du tuyau de poêle grêle de la caravane familiale,
les robustes maisons en briques rouges de Liberchies menaient à la grande église gothique de Saint-Pierre-de-Liberchies, sa flèche vers le ciel dominant le niveau
campagne. Les Belges disaient d’eux-mêmes qu’ils étaient nés avec un rocher dans
leur estomac pour commencer à construire leurs maisons, tellement ils étaient entichés de leur maisons et la sécurité d’une fondation solide. Maintenant, en hiver, le solide
les maisons des 700 habitants de Liberchies étaient chauffées par des braseros au charbon de bois.


Radios électriques apportant des nouvelles du monde et diversion dans les soirées sombres
gagnaient une place de choix sur les cheminées. Et en ville, l’automobile était
venant régner sur les routes, terrifiant les chevaux roms comme les calèches sans chevaux
secoué.

Le monde moderne de 1909 avait laissé les Tsiganes dans leur poussière.

Pourtant, l’arrivée de la famille de Jean-Eugène et de leur kumpania, ou le voyage
clan, des Tsiganes était célébré chaque automne par les habitants de Liberchies avec
un bazar organisé en leur honneur, la Kermesse du Fichaux. Esprit tourbillonnant
coloraient le gris d’un automne belge, les Tziganes vendaient les bijoux, les paniers et
les dentelles qu’ils fabriquaient ainsi que les articles de leurs voyages lointains. Ils ont dit
fortunes, déroulant les chemins d’une vie à partir de l’enchevêtrement de lignes sur une paume, augurant la grandeur et l’amour, vendant des charmes pour conjurer le mal. Certains spécialisés en réparant les sièges des chaises en osier. Autres marmites en cuivre rapiécées le Belge les femmes du village amenées; avec un concerto de martèlement, un pot pouvait être rendu comme neuf avec un travail du métal qui n’avait guère changé depuis l’armure des chevaliers.

D’autres Tsiganes encore faisaient le commerce des chevaux avec les fermiers, les trottant et les négociant, examiner les dents pour déterminer leur âge et les sabots pour déceler toute boiterie. Les Tsiganes étaient connus comme des maquignons – littéralement des faussaires de chevaux – qui habillaient comme par magie les chevaux pour vente, et les agriculteurs recherchaient leurs astuces intemporelles : le cirage à chaussures
cachant les cheveux grisonnants, un régime d’eau pour remplir les douelles de la cage thoracique, une pointe de gingembre dans l’anus pour l’esprit. C’était un échange séculaire entre les Tsiganes et citadins d’Europe.

Jean-Eugène était un vannier, un vannier. Mais il portait aussi d’autres chapeaux,
une nécessité pour survivre sur la route. Aujourd’hui âgé de 27 ans, il est né en 1882, même si personne ne se souvenait où. Sur la seule photo survivante de lui, prise en
Algérie en 1915, Jean-Eugène ressemble davantage au maire prospère d’un Français
ville qu’un Tsigane voyageur. Ses cheveux noirs sont coiffés en arrière de son large
front au-dessus des sourcils virils et les yeux pénétrants qui dominent son
affronter. Ses pommettes sont prononcées, sa bouche cachée derrière l’habituel
la moustache, symbole de masculinité touché par la plupart des hommes tsiganes dès
ils peuvent en cultiver un.

Pimpant dans un costume sombre, il apparaît distingué et, surtout, sage après avoir vu beaucoup de choses dans de nombreux pays avec ses yeux perçants. Comme le dit le proverbe rom, Celui qui voyage apprend.

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La vannerie était un travail que Jean-Eugène pratiquait seulement lorsque les temps étaient durs. Il possédait un talent particulier : Jean-Eugène était un amuseur, un autre métier intemporel des Tsiganes. Il pouvait jongler avec les meilleurs figurants du cirque et taquiner le public avec les mystères du tour de passe-passe. Mais la fierté de Jean-Eugène
jouait de la musique – violon, cymbalum, piano, guitare – et dirigeait une danse
orchestre des Roms. C’est cette fierté qui brille dans ses yeux sur la photographie :
Il est assis à son piano avec son groupe disposé autour de lui. Et tandis que
les mains du musicien à côté de lui ressemblent à celles d’un paysan qui pourrait
tenir une charrue aussi indifféremment qu’ils agrippent son alto, les mains de Jean-Eugène
sont croisés devant lui de manière royale. Même sur cette photographie ancienne,
on dirait les belles mains d’un artiste.

Pour gagner quelques francs à côté, Jean-Eugène accordait des pianos. Il a également réparé d’autres instruments de musique. Il pourrait trouver un violon endommagé chez une puce marché, troquez-le à bas prix, reconstruisez-le et revendez-le plus tard.
Mais c’est en tant que musicien qu’il fait vivre sa famille. Il a modifié l’arrière de
la caravane de sa famille pour créer un petit théâtre itinérant recouvert de toile
scène sur laquelle lui et sa femme ont présenté aux citadins leur magie et leur
ménageries musicales.

Laurence Reinhardt a été présentée sur la scène familiale dans le rôle de La Belle
Laurence. Chez les Roms et en hommage à sa sombre beauté, Laurence était connu sous le nom de Négros, qui signifie « noir » en espagnol. Elle fabriquait des bijoux pour les vendre, mais elle a pris vie en tant que danseur. À 24 ans, elle était réputée pour son ravissant flux de mouvement, et même dans sa vieillesse, Négros était poussé à danser dès que la musique commença. Elle a troqué son teint exotique aux tons de thé, noir corbeau, cheveux et grande stature. Sur une photo de l’époque, elle est belle avec une force masculine sur son visage – une mâchoire saillante qui semble déterminée même dans du repos et des yeux qui semblent ne rien craindre.

C’est à la veille d’une représentation familiale à Liberchies que Django est né. La nuit du dimanche 23 janvier 1910 fut amère avec froid. Les citadins se sont réunis pour le spectacle annuel de Jean-Eugène et salut Troupe rom à l’auberge d’Adrien Borsin dit familièrement Chez Borsin.


Heureux de se divertir comme anodin contre le vide de l’hiver, les citadins attendaient avec impatience la musique de Jean-Eugène, la comédie burlesque de son ami Louis Ortica, et la danse de La Belle Laurence. Mais ça Cette année-là, les événements se sont conspirés contre la soirée.

Négros était dans sa caravane au bord de l’étang aux Corbeaux, perdu dans le
douleurs de l’accouchement. Elle était partie à pied pour se rendre en ville se produire chez Borsin lorsque les contractions ont commencé. Jean-Eugène continue de jouer tandis que les femmes tsiganes reconduisent Négros au camp, allument des bougies contre l’obscurité et rassemblent des linges propres pour accoucher de son premier enfant. Alors que les applaudissements lointains leur parvenaient de la ville, Django était né.

TROIS JOURS PLUS TARD, le 26 janvier, Jean-Eugène et Négros emballaient Django
contre le froid et partit avec leurs compatriotes roms pour l’église de Saint-Pierre-de-Liberchies. Ils entraient dans le baptistère, vêtus de leurs les plus beaux costumes et les robes les plus brillantes, les fedoras tenus humblement à la main. Joindre les Tsiganes étaient plusieurs citadins, également endimanchés. Adrien Borsin se tenait devant et au centre. C’était un homme corpulent et rond qui semblait apprécier son les plats du restaurant au maximum. Aux côtés de Borsin se trouvait sa sœur, Isabelle, une fervente
matrone aux cheveux bien coupés. Symbolisant la rare amitié entre les Roms et les citadins, les Borsins étaient les sponsors de Django et les parrains et marraines.

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Après la cérémonie de prénom et le baptême, Jean-Eugène et Négros a organisé une fête pour leur fils nouveau-né. Chez Borsin revivait avec une fête et musique. Le clan familial des Tsiganes Manouche ne célébrait pas les mariages, mais un baptême, surtout le premier-né d’un couple, était une grande affaire.


Jean-Eugène a demandé un acte de naissance pour son fils auprès du secrétaire communal,
Henri Lemens, le 24 janvier. Avec l’écriture exquise d’un bureaucrate du début du siècle, Lemens a inscrit le nom légal de Django sous le nom de « Jean Reinhardt ».

De son côté, Jean-Eugène a donné son propre nom comme « Jean-Baptiste Reinhard »…
un pseudonyme pour le masquer aux gendarmes français qui le recherchaient pour des raisons militaires conscription – et il a signé de la main exercée, mais incertaine d’un analphabète au bas de l’acte de naissance, « J. B. Reinhard. Lemens ignoré
l’orthographe et ajouté un « t » final au nom du nouveau-né, correspondant
à la prononciation française du nom alsacien.

Une telle révision de l’identité des Roms était courante dans toute l’Europe, acte de cruauté simple, mais subtil, une refonte de l’être juridique d’une personne par un agent frontalier ou un bureaucrate tout-puissant. L’hégire des noms gitans a commencé avec l’exigence que les Roms portent des prénoms chrétiens et des noms de famille à des fins d’identification. Ces noms aléatoires étaient choisis au hasard lors des voyages des Tsiganes et n’avaient que peu de signification pour leurs propriétaires ; entre eux, ils portaient uniquement leur nom rom. Ils ont adopté des noms de famille du pays dans lequel ils vivaient dans une mascarade d’assimilation pour masquer leur identité gitane.

Lorsqu’ils franchissent une frontière ou signent un document, les fonctionnaires
translittéré et déformé leurs noms légaux dans l’orthographe et finalement même dans
prononciation. Dans le même temps, les Tsiganes modifiaient subrepticement leurs propres
noms de famille selon les besoins, changeant leur identité juridique comme ils ont changé leurs chemises. Le nom de famille de Jean-Eugène s’écrivait souvent phonétiquement en France ainsi Vées, et lui et ses frères se cachaient parfois aussi derrière le pseudonyme de Schmitt lorsque les gendarmes étaient sur leurs traces. Nom alsacien de Négros,
Reinhardt – littéralement quelqu’un du cœur de la Rhénanie – était probablement
choisie par opportunité par ses ancêtres qui ont longtemps vécu autour de Strasbourg en
Alsace.

Par ces différentes forces, Django fut enregistré sous le nom de Jean Reinhardt.
Django a reçu le nom légal de Jean en l’honneur de son père, mais c’était son
Nom gitan qui portait sa véritable identité. Les Tsiganes ont choisi un nom romani pour
leur enfant évoquant un attribut physique, comme Baro (Grand, ou souvent Premier Né),
ou des phénomènes naturels, notamment Chata (Ombre) ou Zuna (Soleil). Noms d’animaux
servaient de totems – comme Bero (ours) – tandis que les filles recevaient des noms fleuris
comme Fayola (Violet) et Draka (Grape). Les noms peuvent refléter la personnalité d’un enfant ou les espoirs des parents, dont Grofo (Noble) et Schnuckenack (Musique glorieuse). Tchavolo ou Tchocolo (Garçon ou Fils) et Tchaj (Fille ou Fille) étaient de simples références au sexe de l’enfant alors que d’autres noms comme Bimbam et Boulou étaient des onomatopées faisant écho aux bavardages d’un bébé.


En nommant leur fils aîné Django, Négros et Jean-Eugène ont choisi un Verbe romani et non un nom ou un adjectif pour son nom. Ils ont vu quelque chose spécial chez cet enfant.

Dans sa jeunesse, Django est devenu un voleur de poulets compétent. Parmi son peuple,
les Roms considéraient que tromper ou voler les non-Tsiganes était une noble compétence.
C’était aussi une compétence qui attirait les malédictions des non-Tsiganes, favorisant la méfiance et finalement la haine envers le peuple de Django. Pourtant, au Pour les Roms, ces vols faisaient partie de leur survie sur la route.


Le silence était la clé pour enlever un poulet. La volaille ne pouvait pas être autorisée
pour alerter ses propriétaires de son sort. Comme la plupart des bons trucs, c’était simple et c’était transmis parmi les Tsiganes de père en fils. Dans le cadre d’une paguba, ou d’un raid
fête, le voleur a volé une poule sans méfiance avec un manteau ou un tissu tenu prêt. Avant que le poulet n’ait eu la chance de réveiller ses propriétaires avec une tempête de en gloussant, le tissu tomba sur sa tête. Le voleur a ensuite fourré le poulet sous son bras, se tordit le cou d’un coup de poignet pratiqué et disparut de la basse-cour aussi silencieusement qu’il était arrivé.


Django est également devenu un adepte du chatouilleur de truites. Partout où sa famille voyageait, il était attiré par l’eau la plus proche pour pêcher, se jetant dans les vagues du Midi côte ou dans les ruisseaux de campagne. Quand il lui manquait une canne ou un palan, Django du poisson braconné selon une technique décriée par les gendarmes comme étant pêcher à la chatouille, chatouillement du poisson. Couché à plat ventre dans les herbes au bord d’une rivière, il bougea ses mains dans une recherche systématique le long du fond de l’eau jusqu’à ce qu’il tombe sur un poisson, ses doigts chatouillant doucement le ventre du poisson pour l’endormir et l’attirer jusqu’à ce qu’il pourrait saisir le corps argenté et le catapulter hors du ruisseau.


Pourtant, le véritable mets délicat des Tsiganes français était le hérisson, un animal
les Français n’envisageraient jamais de manger. La créature était connue affectueusement
comme un niglo en romani, et les Tsiganes éprouvaient une parenté pour cet étrange petit
rongeur avec sa peau épineuse. Le hérisson vivait caché sous les haies… Dans les régions inférieures, aucun autre animal ne voulait comme foyer.

Chasser un niglo nécessitait des ruses et un bon nez. Les Roms dressaient des chiens à
traquer les hérissons tout comme les porcs étaient utilisés pour extirper les truffes. Une fois un chien trouvé sa proie, le hérisson a été pourchassé dans un sac en tissu et frappé à coups de matraque.

La plupart des Roms avaient de précieuses recettes de niglo, et les Négros l’avaient sans aucun doute propre. Les hérissons ont une viande riche, à la fois gibier et délicate, meilleure lorsqu’elle est capturée l’automne lorsqu’ils ont accumulé de la graisse pour leur hibernation hivernale. Ils étaient guéris pendant la nuit sur le toit d’une caravane car on pensait que la lueur de la lune était améliorée saveur. Pour nettoyer les piquants, les gitans faisaient un trou dans la peau du hérisson, puis soufflé dans la carcasse, la gonflant jusqu’à ce que la peau soit tendue pour que les piquants pourraient être facilement rasé. Les niglos étaient souvent cuits à la broche, à feu ouvert.

La recette classique faisait cependant appel à l’esprit d’initiative des Tsiganes et aux ingrédients trouvés le long de la route pour rôtir le niglo dans un sarcophage en argile. Avec ses piquants toujours en place, le hérisson a été ouvert en tranches sur le ventre et vidé, le foie étant conservé comme mets de choix suprême. Après avoir farci le niglo de romarin frais, de thym et d’ail sauvage, le cuisinier rom recousait l’incision. Le hérisson, avec ses piquants et tout, était roulé dans de l’argile humide de rivière ; le morceau résultant, de la taille d’un ballon de football, a été rôti dans les braises d’un feu pendant environ une heure. Lorsque l’argile résonnait au coup de poing, la coquille s’ouvrait, l’argile durcie arrachant les piquants.

Avec une prière de latcho rhaben – romani pour bon appétit – le hérisson s’est régalé. Pour Django, chatouiller la truite et chasser les hérissons ont été des premières leçons de vie : le code de la route exigeait de l’ingéniosité. Et l’acte quotidien Le fait d’avoir volé un poulet a probablement ouvert les yeux de Django : dans la vie, il pouvait avoir tout ce qu’il voulait puisque rien ne l’empêchait de le prendre par tous les moyens nécessaires, que ce soit dans son monde gitan ou dans le monde étranger plus vaste qui l’entourait.

DJANGO EST NÉ en Belgique par hasard, tout comme il aurait pu naître en France, en Italie ou ailleurs lors des voyages de sa famille. Il était parfois qualifié de gitan belge, en raison de son lieu de naissance ; en tant que Tsigane français, comme il a vécu la majeure partie de sa vie en France ; ou même en tant que Tsigane allemand lorsque sa famille est venue de l’Alsace. Mais la nationalité n’était pas importante. Son héritage culturel en tant que Le romani était sa seule allégeance.

Django était un Gitan Manouche. Basés sur la parenté entre les Roms et En sanskrit, les Tsiganes seraient originaires de l’Inde. Quand l’Islam Mahmud de Ghazni envahit l’Inde en 1001, une armée de défense fut enrôlée parmi les Indiens des castes inférieures pour combattre les musulmans dans le nord du pays.


Inde et Perse pendant trois décennies. De Perse, certains des guerriers sont retournés en Inde, d’autres ont été embauchés comme mercenaires vers de nouveaux pays où ont émigré
vers l’ouest. Ils ont parcouru ce qui est devenu connu sous le nom de Romany Trail, menant
à Byzance et en Europe, où leur arrivée a été remarquée pour la première fois en Serbie
dans les années 1300. D’autres ont traversé l’Afrique du Nord, pour finalement entrer dans
L’Europe via l’Espagne dans les années 1400.

Les Européens, croyant que ces vagabonds à la peau foncée venaient d’Égypte, ont corrompu « Égyptien » en « Tsigane ». Au fil du temps, ils ont également été baptisés
avec une variété d’autres noms. On les appelait Tsiganes pour leur travail de
les marchands d’animaux, connus sous le nom d’« athingani » à Byzance ; comme Sinti car on pensait qu’ils étaient originaires du long de la rivière indienne Sind ; ou comme Manouche du romani manus et du sanskrit manusa, ou « vrai homme ». En Espagne,
ils sont devenus connus sous le nom de Gitanos, ou Gitans en français. Maintenant, beaucoup préfèrent être connus collectivement sous le nom de Roma ou Romany, un nom dérivé de leur mot pour ‘humain.’ L’héritage militaire des Roms s’est transmis sous ses formes les plus anciennes.

L’histoire des Roms est marquée par la persécution. Forcés de quitter leur foyer,
ils ont été enrôlés par la caste aryenne au pouvoir. Arrivés dans les Balkans, ils
étaient réduits en esclavage. En Europe, le folklore populaire a longtemps soutenu que les Tsiganes les clous pour crucifier Jésus sur la croix, et des lois furent adoptées dans la plupart des pays européens. Les Tsiganes furent les premiers relatée en France en 1418 avec les premiers ordres d’expulsion faisant suite à leur talons en 1427. Dans un décret de 1560, les Tsiganes étaient engagés à une vie de tirer les rames dans les galères françaises.

Louis XIV ordonna aux huissiers français en 1682 de rassembler les Tsiganes comme esclaves ; les femmes devaient être fouettées, puis bannies. La France a déporté des Tsiganes vers le Maghreb, la Gambie et le Sénégal en Afrique, ainsi qu’en Louisiane dans le Nouveau Monde. Alors que les Européens se targuaient de ne pas avoir les castes sociales de l’Inde, ils avaient une place pour les Tsiganes, des parias.

Chassés de la civilisation, les Tsiganes sont devenus nomades par nécessité plutôt
que le désir, un peuple de la diaspora, sans patrie ni terre promise. Les premières traces du clan Reinhardt remontent aux années 1700. Dossiers de police, remarquez-les parcourant la vallée du Rhin, à travers les forêts du duché de Souabe et en Suisse. Trois générations de Reinhardt ont mené une gang de bandits terrorisant leur homonyme Rhénanie. Antoine-Alexandre Reinhardt, dit Antoine de la Grave, a sillonné la région avant d’être capturé et exécuté à Giessen en 1726.

Son petit-fils Jacob, mieux connu sous le nom de Hannikel, a battu la réputation d’Antoine en attaquant impitoyablement les villes puis en se retirant dans l’ombre de la Forêt-Noire. Mais Hannikel finit lui aussi ses jours pendu par le cou avec son frère Wenzel à Sulz en 1787.

La tradition familiale rappelle que les grands-parents de Django ont quitté la Bavière pour s’installer à Strasbourg lorsque la guerre franco-prussienne de 1870 les a forcés à fuir vers l’ouest. Partout où ils voyageaient, les ancêtres de Django emportaient avec eux ce qui comptait : l’essence de leur culture – leur langue, leurs coutumes, leurs métiers et leur musique – était portable, toujours prêt pour la route. Leur histoire n’était pas écrite, leurs traces soufflés de poussière presque aussitôt qu’ils passaient.

Sur l’acte de naissance de Django, Jean-Eugène inscrivait le lieu de résidence de la famille
comme Paris, mais leur véritable demeure était la caravane. C’est ici qu’une seconde
fils est né de Négros et Jean-Eugène dans un camping à la périphérie de Paris le 1er mars 1912. Nommé Joseph Reinhardt, il était connu de tous sous le nom de Nin- Nin, un diminutif rom courant et un terme d’affection. Une fille bientôt suivi, nommé Sara pour la sainte patronne, mais appelé Tsanga—littéralement, le Pincher, décrivant son rôle dans les luttes avec ses frères aînés. Avec Jean- Les deux enfants d’Eugène issus d’un précédent mariage et les trois de Négros et lui jeunes, la famille a continué ses voyages, son seul cheval tirant le
caravane au pas lent vers l’horizon.

EN 1915, alors que Django avait cinq ans, Jean-Eugène quitte sa famille. Un Français
Proverbe gitan conseille : Aime ton cheval plus que ta femme ; elle peut partir
sans avertissement, mais un bon cheval ne le fera jamais. Maintenant, c’était Négros
laissé avec le cheval de la famille.


Le divorce et l’abandon étaient rares chez les Manouche. Pourtant, Jean-Eugène a eu une épouse antérieure, la mère de sa fille aînée et de son fils, bien que personne ne se souvienne de ce qu’elle est devenue. Maintenant, quand Jean-Eugène Négros déserté, elle se retrouve bloquée avec Django, Nin-Nin et Sara pour élever sans père.

L’abandon de Jean-Eugène a laissé un vide dans la vie de Django. La famille s’est croisée
chemins avec Jean-Eugène à différents moments au cours des années à venir à Alger et
Paris, mais il n’est jamais revenu vivre avec sa femme et ses enfants. Négros wa
obligés de les soutenir en tissant des paniers, en cannage des sièges de chaises et en fabriquant bijoux. Sa spécialité était les bracelets fabriqués à partir de douilles d’artillerie usagées recueillies sur le champ de bataille de la Marne après la Première Guerre mondiale. Elle enseigna Django pour extraire les coquilles des tranchées, emportant la terre pour découvrir le laiton qui a été découpé en bracelets, gravé de motifs et vendu
pour nourrir la famille.

Jean-Eugène parti, Négros prend les rênes du cheval et dirige la caravane selon un itinéraire régulier suivant les saisons et les opportunités qu’elles amenaient à survivre. Quand les narcisses fleurissaient et que les hirondelles revenaient pour tourbillonner au-dessus des toits de Paris, elle a emmené sa famille dans le Midi français ou plus au sud, en Italie. Ici, elle vendait ses bracelets aux estivants sur la Méditerranée. Tandis que les champs de lavande fleurissaient dans le Midi, signalant l’arrivée de l’automne et la fin de la lucrative saison touristique, le La famille a fait route vers le nord, jusqu’à Paris. En hiver, Négros et sa couvée revenaient à l’hospitalité de Liberchies pour attendre la fin du froid.

Pour les jours de fête des 24 et 25 mai, Négros a accompagné ses enfants un pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-Mer à l’extrême pointe du Rhône delta le long des côtes camarguaises. C’était la terre stérile des chevaux blancs sauvages et cowboys gardiens, marais salants et villes de pierre qui luttent pour tenir le coup dans un royaume dur. La famille garée au milieu des champs de caravanes manouches et des Gitans de toute l’Europe.

Les gitans ont adopté Sainte Sara lors d’une semaine de dévotion et de musique. Pendant
Au cours de leurs voyages, les Roms ont assimilé le catholicisme dans leur vie, parfois
le mélangeant avec leurs croyances hindoues, les supplantant parfois.


Alors que le gadjé catholique célébrait les deux saints homonymes de la ville : Sainte-
Marie-Jacobé et Sainte-Marie-Salomé, les tantes de Jésus, les Tsiganes à l’honneur
leur bâtarde Sainte-Sara. Selon une légende orthodoxe, Sara était le serviteur des deux Saintes-Marie, les accompagnant après la Crucifixion quand ils furent chassés de Palestine par les Romains dans un bateau sans rames pour ensuite s’échouer sur les côtes françaises.

La mythologie gitane racontait cependant que Sara était une Gitane provençale qui sauva les Saintes-Marie lorsque leur bateau chavira dans une tempête au large de la Camargue. Les effigies des deux Marie étaient à l’honneur dans la chapelle consacrée de l’église médiévale fortifiée Notre-Dame-de-la-Mer. Mais Négros guida ses enfants devant eux pour descendre des escaliers en pierre jusqu’à une crypte où attendait une statue en bois de Sara ; elle a été reléguée dans cette chambre car elle n’était pas une vraie sainte reconnue par le Vatican et béatifiée uniquement par les Roms. Django entra dans cette grotte noircie par les bougies de générations de fidèles pour se prosterner devant la statue à la peau sombre de Sara, connue en romani sous le nom de Sara-la-Kâli, ou Sara Noire.

Négros présentait alors ses enfants à la bénédiction muette de Sara ou offrait une photographie d’enfant parmi les nombreux autres médaillons d’aumônes et d’ex-voto attestant des miracles accomplis, laissés par d’innombrables Roms à travers le temps en hommage aux pouvoirs de Sara. Si la famille Reinhardt souhaitait remercier tout particulièrement, elle cousait une robe ornée pour la draper sur la statue, qui était recouverte de dizaines de robes similaires à la fin du pèlerinage. Après leur hommage, les Tsiganes portaient la statue de Sara sur leurs épaules pour la purifier dans l’eau salée de la mer.

Avec l’arrivée de l’hiver, Négros dirigea de nouveau son cheval vers la Belgique.
A Liberchies, elle et ses enfants ont été accueillis de nouveau, mais sans l’argent de la musique de Jean-Eugène, leur caravane se distinguait par son état délabré
État. Django et Nin-Nin se sont fait des amis parmi les garçons belges, et Nin-Nin a fréquenté l’école de la ville pendant trois ans, durant quelques mois, dans un
temps. Mais malgré les tentatives de Négros, Django ne s’intéresse pas à l’école. Il
semblait impatient des limites de la jeunesse, aspirant à se libérer. Sur Au fil des années, Django a fréquenté l’école à intervalles aléatoires, préférant s’échapper, explorer la campagne, boire du café avec les Tsiganes dans les bars et tirer au billard. C’était une vie vécue uniquement pour le moment.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Négros et ses enfants abandonnent leur
caravane aux portes de Paris pour fuir à pied parmi les réfugiés évacuant l’est
France. Ils marchèrent des semaines durant au bord de la route, Négros conduisant ses fils
et sa fille, portant les affaires qu’elles pouvaient porter sur leurs épaules, acceptant de les accompagner chariots lorsqu’ils sont offerts, marchant au rythme d’un enfant quand il n’y avait pas autre choix. Ils atteignirent finalement le Midi, puis poursuivirent leur route le long de la côte jusqu’au port italien de Livourne. Ils trouvèrent des places sur un bateau pour la Corse, puis embarque sur un autre navire à destination de l’Algérie.

Perchée au-dessus de la côte barbaresque, Alger était connue comme la Ville Blanche
pour ses bâtiments blanchis à la chaux qui aveuglaient les yeux sous le soleil africain. En revanche, la casbah d’Alger était un monde aux couleurs éclatantes avec des étals de marché errant dans un labyrinthe autour du fort et du minaret de la Grande Mosquée Jamaa-el-Kebir. C’était le quartier arabe, mais il abritait aussi des Tsiganes musulmans Xorax ainsi que des Tsiganes Afrikaya, des Manouches émigrés ou chassés de France bien avant. Négros trouva des locaux voisins de la casbah pour vendre ses paniers et ses bijoux. Et c’est ici, parmi d’autres Tsiganes de leur troupe, qu’ils retrouvèrent Jean-Eugène, dirigeant son orchestre pour les bals et les petites monnaies.

EN 1920, alors que la guerre était finie et que Django avait dix ans, Négros amena
sa famille retourne à Paris et la caravane qu’ils ont abandonnée parmi les campements roms encerclant la capitale. Au-delà des déplacements entre campings autour de Paris, la famille s’installe pour la première fois dans la vie de Django.


Paris était un monde changé. La ville était un diamant brillant dans les paillettes de la Belle Époque. Maintenant, après la guerre, pour mettre fin à toutes les guerres, la France était en état de choc. Pour oublier les horreurs, Paris s’est jeté de toute sa fureur dans les
années folles de haute vie et de nouvelles modes, chassant les vieux et fringant comme une charge à la baïonnette vers le futur. C’était en partie amnésie auto-induite, en partie anesthésie. Paris ressuscite comme ville d’une nouvelle ère artistique, musique et littérature. C’était la capitale du monde moderne, la ville du nouveau
siècle, dotée d’un métro, d’égouts et d’eau potable pour tous. Et avec l’arrivée de l’électrification municipale et l’artificielle de Georges Claude arc-en-ciel de néon, les gloires de Paris pouvaient désormais être vues jour et nuit, ce qui a valu à la ville un nouveau surnom : la Ville Lumière.

Paris était encore protégé par son anneau de remparts médiévaux, et c’était ici, sur
aux portes de la ville où vivait la famille de Django. Hors des fortifications, la gloire de la ville s’est retrouvée dans une impasse. Autour de Paris se trouvait une vaste région inférieure connue sous le nom de la Zone. Ici, en dehors de la Ville Lumière, se trouvait une ville de fléau : elle C’est dans la Zone que les nettoyeurs de puisards de Paris déversaient leurs déchets chaque nuit et c’est ici aussi que les déchets humains de la ville trouvèrent refuge. Ce n’était pas le Paris des larges boulevards, des monuments et des cathédrales. Au lieu de cela, entier des villes de bidonvilles envahissaient les ports fortifiés comme des mendiants qui tenaient bon, leurs mains pour la plus petite offrande. Les masures délabrées construites à partir de les planches de rebut et les décombres de pierre abritaient les dépossédés.

Les habitants de la Zone étaient connus avec dérision par les Parisiens sous le nom de zonards – et beaucoup craignaient les Tsiganes comme la pire vermine d’entre eux. Les Manouches et les Gitans stationnaient leurs caravanes dans la Zone où ils pouvaient trouver l’eau du ruisseau perdu de Paris, la Bièvre, et c’est ici que Négros amena Django et ses autres enfants et s’installèrent au sein de leur clan. Ces camps de Tsiganes de la Zone ont été décrits par le poète français Serge :


Là-bas, dans le camp des Tsiganes, une guitare jongle avec une mélodie populaire. Un
On entend au loin une musique de danse, des valses vertigineuses, la douceur d’un accordéon.


Les feux de camp sont partout, chacun avec sa propre marmite. Les poulets mijotent
et les guitares se déchaînent. De gros nuages ​​gris roulent sur la porte de Clignancourt, laissant derrière eux une pluie diluvienne. On patauge dans les chaussées défoncées de boue mélasse, dans les petits lacs et les bourbiers, sur ce versant où se dressent les camps des Manouche, immense assemblage de caravanes, de vurdons et de roulottes, faisant de la Zone un puzzle coloré de ville ambulante de plus de cinq cents véhicules garés côte à côte dans un désordre fou. La nuit, les cinq cents roulottes scintillent comme des palais orientaux. Et à travers tout cela surgit une chanson, brutale, sordide, coulante, avec un cri plaintif vers la Zone, où l’enchantement lui-même se cache peut-être, quelque part dans la pourriture.


Les Négros et les autres Tsiganes privilégient les campings dans la Zone à proximité de leurs moyens de subsistance, dans les brocantes. Ils se déplaçaient entre les campements à l’extérieur de la Porte de Choisy ou de la Porte d’Italie, au sud-est de Paris, près du marché aux puces du Kremlin-Bicêtre et de leur marché aux puces bien-aimé aux galeries Vaugirard ; La porte de Montreuil et son interminable marché aux voleurs à l’est ; et la porte de Clignancourt au nord avec son vaste marché aux puces de Saint-Ouen.

Chaque week-end, Négros emmenait ses enfants vers ces marchés fleuris du boue de la Zone et nommé en l’honneur des puces qui peuplaient les tissus d’ameublement de
les vieux meubles et chiffons à vendre. Elle vendait ses marchandises au milieu du glorieux
anarchie des marchés.

La Zone est devenue le monde de Django. Il dirige une bande de garçons gitans qui fièrement se faisaient appeler les Foulards rouges, symbole de la vie parisienne
la classe ouvrière. La bande de Django a volé sans crainte des poires dans le verger fortifié de le prieuré Saint-Hippolyte, du jus sucré dégoulinant sur leurs visages en mangeant
le fruit défendu. Tenir une embuscade contre le chef d’un gang ennemi, connu de tous sous le nom de Le Grand Loucheur, ou Big Cross-Eyes, Django se tenait droit devant lui et exigeait dans son meilleur grognement de hors-la-loi : « Votre argent ou votre vie ! Le Grand
Loucheur a choisi de laisser Django à plat ventre avec un œil au beurre noir. D’autres jours,
ils ont tenté de faire dérailler des tramways avenus d’Italie, coinçant les rails avec du fer
boulons volés à l’usine Panhard voisine, priant avec ferveur religieuse pour
un crash spectaculaire.

Alors que les chariots hippomobiles ralentissaient pour gravir la colline de l’avenue des Gobelins, Django et sa bande emportaient du charbon pour le revendre. Souvent, les frères rassemblaient de la ferraille dans des brouettes pour la troquer avec les fonderies. Un jour, ils découvrent un ring de boxe dressé dans un café de l’avenue d’Italie. Invités à prendre leur tour, Django et Nin-Nin se sont frappés pendant que les locaux leur lançaient des pièces de monnaie pour les stimuler. Les frères, battus et chancelants, s’éloignèrent, les bras autour des épaules et les poches pleines.

Négros tente une nouvelle fois d’envoyer Django à l’école. Une classe itinérante
pour les enfants tsiganes a été organisée par un ancien professeur connu sous le nom de père Guillon.


Contraint de prendre une retraite anticipée en raison de son goût pour le vin rouge, Guillon commence sa carrière propre école à la Zone dans un bus aménagé. Mais Django et les autres Gitans les enfants, habitués à leur liberté dans la Zone, avaient peu de respect pour l’autorité de ce gadjo dipsomane. Django préférait l’école dans la rue et le cinéma.
Même dans sa jeunesse, Django était un fou des jeux et des paris. Il parierait sur n’importe quoi, n’importe où : cartes, dés et surtout billard. Avec ses gains, Django s’offrait parfois, ainsi qu’à Nin-Nin, un film. Ou mieux pourtant, ils ont trouvé un moyen de contourner l’achat de billets. Django était attiré par le cinéma comme un innocent dans l’enfer.

Au grand palais du cinéma Louxor à Barbès, Django et Nin-Nin étaient des défonceurs réguliers. La matinée de l’après-midi présentait deux films, séparés par un entracte lorsque le public se mélangeait dans le hall pour acheter des friandises. Django et Nin-Nin se sont glissés parmi la foule pour regarder le deuxième long métrage, et leur stratagème a bien fonctionné pendant des semaines jusqu’au jour où Le Luxor a organisé une projection pour une école voisine. Parmi les écoliers fraîchement lavés et en uniforme, les deux garçons tsiganes sales étaient des cibles faciles et le directeur du cinéma les a mis au collier. Mais il a conclu un accord avec Django et Nin-Nin :


PUIS IL Y A EU LA MUSIQUE.

Des mélodies jouées sur des cymbaloms, des banjos et des guitares, des harpes et des pianos et surtout des violons. Tout au long de son enfance, Django a été entouré de musique. Son père et sa mère vivaient de la musique et de la danse. Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, la musique allait de pair avec l’hommage religieux, les violonistes manouches interprétant leurs chants influencés par les traditions tziganes d’Europe de l’Est tandis que les Gitans espagnols grattaient du flamenco à la guitare. Dans les brocantes parisiennes, les Tsiganes proposaient des mélodies sur violons et banjos en échange de pièces de rechange.

Et autour des feux de camp roms, partout où ils étaient allumés, la musique accompagnait les événements familiaux, du baptême aux funérailles. Pour les Manouches et les Gitans, la musique était aussi intrinsèque à la vie que l’air.

Jean-Eugène continue de diriger son orchestre de danse. Il avait sept frères,
tous les musiciens, dont la pianiste Nellone et le multi-instrumentiste Guiligou, maîtrisant le violon, le banjo et la guitare. Sur la photographie de 1915 de Jean-Eugène, son groupe, vêtu pour l’occasion de fez, était composé de deux violonistes, d’un bassiste et de deux guitaristes, dont l’un tenait une guitare-harpe à double manche, dans le complément au piano de Jean-Eugène. C’était un orchestre ambitieux pour l’époque.


Il était rare d’avoir un piano dans une fanfare gitane itinérante, mais Jean-Eugène traînait héroïquement le piano droit dans sa caravane lors de ses voyages. Django, sa sœur Sara se souvenait du groupe de leur père jouant dans des hôtels chics à Paris et le long de la Côte d’Azur ainsi que dans les pavillons de danse en plein air appelés guinguettes le long de la Marne à l’extérieur de la capitale à La Varenne-Saint-Hilaire. Sara accompagnait parfois le violon de son père au piano, leur répertoire comprenant des chansons populaires, des airs d’opéra léger, des premiers one-steps, des valses classiques de Chopin et des mélodies tsiganes ainsi que les Czardas de Vittorio Monti et la Sérénade de Frantisek Drdla.

Le premier instrument de Django était le violon. L’instrument classique du romani
musiciens grâce à sa portabilité, il était idéal pour les sons angoissés des célèbres violonistes tsiganes Jean Goulesco et Georges Boulanger. Django a appris l’instrument auprès de son père, de son oncle Guiligou ou d’autres proches, dans le style d’enseignement par appel et réponse courant chez les Roms : un aîné a enseigné à un enfant la mélodie et les accords d’une chanson, en affichant minutieusement les doigtés et rejouant patiemment la chanson jusqu’à ce que l’enfant la connaisse par cœur.


Selon la tradition familiale, Django a acquis une grande partie de ses compétences musicales sous son la tutelle de l’oncle Guiligou, et Sara se souvenait de Django jouant du violon avec l’ensemble de son père quand il avait entre 7 et 12 ans.

A l’âge de dix ans, Django croise son cousin Gabriel en train de jouer un banjo battu. Django était fasciné par l’instrument et les mélodies Gabriel a choisi. Il a peut-être appris les rudiments du banjo auprès de Gabriel, copier les doigtés de son cousin et suivre ses mélodies sur l’instrument.


Avec ces chansons en tête, Django supplia sa mère de lui donner un de ses banjos. Négros se moquait de cette demande comme d’un caprice d’enfant – et d’ailleurs, elle n’avait pas les 50 francs pour un instrument. Ce n’est que lorsque Django avait 12 ans qu’il a reçu un banjo, offert par une connaissance manouche nommée Raclot, qui comprend la fascination du garçon pour la musique.

Le cadeau de Raclot à Django était une petite guitare-banjo, un instrument courant de l’époque doté d’un résonateur de banjo couplé à un manche de guitare à six cordes. Cette guitare-banjo est devenue le point de mire de Django. Il s’efforça d’apprendre à ses doigts maladroits à suivre les lignes mélodiques dont il avait une capacité quasi magique à se souvenir après les avoir entendues seulement une ou deux fois. Enfonçant sa main droite dans les formes arcaniques des accords tendus sur le manche, il joua jusqu’à ce que le bout de ses doigts devienne rouge, puis au-delà, construisant d’épaisses callosités de peau qui pourraient soudainement s’ouvrir sur les cordes d’acier impitoyables et recouvrir les frettes de son sang. Django était inventif en trouvant des objets à utiliser comme pics : le bout d’une cuillère, un dé à coudre de sa mère, un morceau de deux sous et un morceau de baleine qui servait autrefois de raidisseur de col de chemise, tous trouvèrent une nouvelle utilisation dans son mains. Django a joué les mélodies qu’il a apprises de son père et des extraits comme la vieille chanson française pour enfants « Au Clair de la Lune » ainsi que la chanson sale préférée des soldats, « La Madelon », une ode à une barmaid d’une beauté de conte de fées lointaine. de l’horreur des tranchées.

Django emportait sa guitare banjo partout avec lui tout au long de la journée et la tenait dans ses bras pendant son sommeil. Négros se souvient de lui pinçant son instrument jusqu’à en avoir mal aux doigts : « Une fois, alors que je revenais à notre caravane, je l’ai trouvé avec le bout des doigts tout rouge et enflé. Je pensais qu’il avait cinq panaris à la fois. Un autre jour, le professeur père Guillon est venu à la caravane à la recherche de son élève errant pour trouver Django en train de jouer avec son banjo. ‘Est-ce que c’est ça qui t’empêche d’apprendre à lire ?’ » a demandé le professeur. En réponse, Django se contenta de baisser la tête et de jouer de son banjo plus fort que jamais.

Témoin du talent grandissant de Django, Négros lui achète une vraie guitare après avoir vendu un collier de fausses perles au marché de Clignancourt. Cousin Gabriel a appris à Django comment l’accorder, et ils se sont installés pour se produire dans la rue.

Django trouva bientôt un autre accompagnateur chez un bossu jouant du banjo
nommé Lagardère, et ensemble ils s’aventurèrent à Paris pour jouer leur duos. Leur musique sonnait si bien à leurs oreilles qu’ils ont continué à errer la ville avec leurs instruments pendant trois jours.

Réalisant enfin combien de temps s’était écoulé et quelle allait être la réponse de sa mère, Django a choisi de rester en sécurité aux côtés de Lagardère au lieu de regagner sa caravane.

Négros, quant à lui, était en panique. Elle a parcouru la ville à la recherche de son fils, même prendre la décision audacieuse pour une Tsigane d’informer la police de la disparition de son enfant. Elle l’a finalement retrouvé à 3 heures du matin. jouant de son banjo dans un café de la place d’Italie. Les coups reçus par Django ont terrifié son accompagnateur : « C’est ta mère ? » a demandé Lagardère. ‘Je dirais plutôt que c’est une panthère.’ Le repentant Django ne pouvait pas répondre : il implorait grâce à Négros.

Le week-end, Django faisait souvent le déplacement jusqu’à la porte de Clignancourt
et une salle de danse appelée Chez Clodoche. Au milieu de l’agitation des tabliers blancs
serveurs et le fracas des convives, Django restait silencieux dans un coin reculé pour
écoutez son père et ses oncles jouer de la musique. Quand d’autres Roms s’en vont
furent chassés comme des mouches par les serveurs exaspérés, Django s’élança sous un
table, en restant à l’écoute à la fois de l’arrivée des pas des serveurs et du
les sons du groupe. Il fut particulièrement impressionné par le comportement de son oncle Guiligou. Se concentrer sur la façon dont il a manipulé son instrument et les mélodies jouées, Django répétait les doigtés sur sa propre guitare retour à la maison.

Puis, un jour, son oncle trouva Django caché et en même temps l’observant avec une attention soutenue. Guiligou a demandé à Django s’il pouvait jouer de la guitare, ce à quoi il a fièrement hoché la tête. Guiligou a offert sa propre guitare et a demandé une chanson. Django s’est mis à la guitare, jouant non seulement quelques accords mais découvrant les subtilités d’une mélodie. Guiligou était étonné.

Il a attrapé ses frères et a ordonné à Django de rejouer sa chanson en entier. Bientôt, Django faisait son apprentissage du banjo, jouant aux côtés de son père et de Guiligou chez Clodoche chaque samedi.

Il y avait un autre guitariste rom dans la Zone que Django recherchait aussi à imiter. C’était un Gitan nommé Auguste « Gusti » Malha. Court et rond, Malha était le genre d’homme banal qu’on croisait dans une rue parisienne sans s’en apercevoir alors qu’il faisait vos poches. Pourtant, Malha mettait ses doigts agiles, une meilleure utilisation, quoique moins rentable. Malha était une virtuose qui choisissait les cordes comme s’il avait six doigts à chaque main. Il s’est fait connaître pour la première fois à 14 ans à Bruxelles, alternant avec un égal aplomb entre guitare et banduria, une mandoline espagnole à dos plat et six cordes doublées dans leurs accordages. À Paris, Malha joué aux côtés des accordéonistes du dancing, ses nombreuses bagues incrustées de pierres précieuses clignotant sous les projecteurs, symbole de réussite pour Django.

Django a également appris du virtuose du Gitan Poulette Castro. Poulette était
une rareté chez les Tziganes parisiens car il savait lire la musique et jouait dans le
orchestre de fosse au Théâtre du Châtelet à Paris accompagnant les divas de l’opéra.
Ayant voyagé à travers l’Europe et même en Angleterre, il se vantait d’une grande
répertoire de valses, chants traditionnels et mélodies tsiganes. Pour les générations
par la suite, « le grand Gitan » fut évoqué dans des récits racontés par des musiciens roms, sa musique survivant pour hanter les mélodies composées par ses disciples.

Poulette s’est produit aux côtés de son frère Laro Castro, un sorcier du bandurie. Les frères Castro ont également joué dans l’ensemble Le Quatuor à Plectre—le Plectrum Quartet—rejoint par deux autres musiciens du Gitan, Coco et Serrani García. Le Quatuor à Plectre a été enregistré en accompagnant le chanteur

Rosita Barrios sur une variété de chansons gay espagnoles puis la rage parisienne. Le
ensemble à cordes composées d’instruments de différents timbres, doublant les lignes mélodiques pour créer un son multicouche enchanteur mis en valeur par trilles et trémolos.

Django a probablement appris la genèse de sa technique de main droite de Poulette
en regardant le Gitan dans les cafés de Clignancourt. Poulette a appris à Django à
jouer dans un style similaire aux flamencos espagnols sans poser sa main droite dessus
la table d’harmonie de la guitare. Encore une fois comme un flamenco, Poulette et d’autres instruisent
Django de plier son poignet presque perpendiculairement aux cordes, en gardant
poignet lâche et souple pour gratter rapidement. Par conséquent, pour atteindre différents
cordes, Django ne bougeait pas avec son poignet mais avec son coude. Pourtant, au lieu de
grattant les cordes avec ses ongles comme un flamenco, Poulette a enseigné à Django
utiliser un plectre pour augmenter le volume.

C’est cette technique que Django, 12 ans, utilisait pour jouer de son banjo avec son plectre en os de baleine. Nin-Nin, imitant son frère aîné, apprit également banjo, et en lançant une tradition qui durerait des décennies, a servi de point de départ à Django. Ensemble, ils sillonnent Paris depuis les passages médiévaux de la Mouffe au Ménilmontant ouvrier, en passant par les moulins de Montmartre, au ventre de Paris dans les marchés alimentaires des Halles. Ils cherchaient des pièces de monnaie au marché aux puces de la porte de Montreuil, ou installé pour jouer pour les ouvriers boire leurs bières d’afterwork dans les cafés qui entourent la place d’Italie.

Partout où ils allaient, ils jouaient de leur banjo, faisant circuler leurs borsalinos battus pour récupérer les sous-offerts une fois la chanson terminée.


Un jour, Django choisissait son banjo dans un café près de la Porte d’Italie
appelé À la Route de Dijon. Un autre Gitan au bar, un Italien grand et mince
Zingaro avec une tête aux riches boucles sombres comme la toison d’un mouton noir – écoutait Django a joué « Blue Danube » de Johann Strauss. Ce gitan italien a entendu
quelque chose de spécial dans le choix du garçon, et il se présenta. Son nom
était Vétese Guérino ; Django a peut-être entendu parler de lui, car il jouait de l’accordéon
dans les dancings de tout Paris. Si Django le voulait, Guérino proposait d’embaucher
lui comme accompagnateur pour la somme princière de dix francs par nuit.

Best of Django Reinhardt

THE BEST OF DJANGO REINHARDT – part 1

COLEMAN HAWKINS AND HIS ALL-STAR JAM BAND: Coleman Hawkins, Alix Combelle (ts), Benny Carter (as,tp), Andre Ekyan (as), Stephane Grappelli (piano), Django Reinhardt (g), Eugene D’Hellemmes (b), Tommy Benford (dm) – april 28, 1937 1 Honeysuckle Rose 2 Crazy Rhythm 3 Out of Nowhere 4 Sweet Georgia Brown

REX STEWART AND HIS FEETWARMERS: Rex Stewart (cnt), Barney Bigard (cl, dm), Django Reinhardt (g), Billy Taylor (b) – april 5, 1939 5 Solid Old Man 6 Montmartre 7 Finesse 8 I Know that You Know 9 Low Cotton

EDDIE SOUTH (vn) acc. by: Django Reinhardt (g) – september 29, 1937 10 Eddie’s Blues Same. Add Wilson Myers (b) – same session 11 Sweet Georgia Brown Same. add Michel Warlop (vn), Stephane Grappelli (vn), Roger Chaput (g) – same session 12 Lady Be Good South, Reinhardt and Paul Cordonnier (b) – same session 13 Dinah 14 Daphne

BILL COLEMAN AND HIS ORCHESTRA: Bill Coleman (tp, voc), Frank “Big Boy” Goodie (cl, ts), Christian Wagner (cl, as), Emil Stern (p), Django Reinhardt (g), Lucien Simoens (b), Jerry Mengo (dm) – november 19, 1937 15 I Ain’t Got Nobody 16 Baby Won’t You Please Come Home 17 Big Boy Blues 18 Swing Guitars Coleman and Reinhardt only – same session 19 Bill Coleman Blues

FREDDY TAYLOR (voc) acc. by QUINTETTE DU HOT CLUB DE FRANCE – Stephane Grappelli (vn), Django Reinhardt (solo g), Joseph Reinhardt, Pierre Ferret (rh.g), Lucien Simoens (b) – may 4, 1936 20 I’se Muggin’ 21 After You’ve Gone 22 I Can’t Give You Anything But Love Same. Louis Vola (b), replaces Simoens – october 15, 1936 23 Nagasaki 24 Georgia on My Mind 25 Shine All tracks recorded in Paris, France

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